04 Avril 1807 / 04 Avril 2020 : 213 ans jour après jour que disparaissait Almamy Abdoul Khadre Kane !

04 Avril 1807, 04 Avril 2020 voila 212ans jour après jour que disparaissait Almamy Abdoul Khadre Kane, premier Almamy du Fouta. Almamy Abdoul Khadre Kane est né en 1726 à Paffa Warma dans le Saloum. Ses descendants étaient de grands marabouts. Ils avaient de grands cours avec plein de disciples et vivaient au village de Dimate, dans le département de Podor.

Ils restent dans ce village jusqu’au jour où El Hadji Lamine Kane, le père de Abdel Kader, décide de partir pour la bourgade de Kobilo où règne un roi païen. Ce dernier et le marabout décident de l’entente cordiale. Pour réussir un pari aussi risqué, ils décident de mettre en place un pacte. Dans le document, les droits de tout le monde sont respectés. Ils vivent en harmonie jusqu’au jour où le marabout décide de faire une pérégrination vers le centre du pays.

El Hadji Lamine Kane arrive dans le Saloum où il s’installe avec ses disciples. Ils sont plusieurs dizaines de personnes. Et c’est dans cette région du Sénégal que naquit, en 1726, son fils qu’il baptise Abdel Kader. Le marabout assure l’éducation de son fils. De cette école, le jeune Abdel Kader devient l’un des érudits de sa génération. Ce qui permet son admission à l’université de Pire avec 11 autres dignitaires torodos dont Souleymane Baal, Elimane Boubacar, Abdoul Karim Daff, Thierno Bayla Sow. Au cours de son séjour à Pire, il fait la connaissance de la mère du Damel du Cayor, Amary Ngoné Ndella Fall. Une connaissance qui vaudra son pesant d’or dans son histoire. A l’époque, la loi du plus fort règne dans le Fouta avec la dynastie des Deniyanké. Sans compter le tribut que réclament les Maures qui traversent le fleuve au peuple Foutanké. Conscients qu’ils sont les mieux placés pour libérer le Fouta de cette emprise, les 12 étudiants se concertent sous la barrière de Souleymane Baal et mettent en place une stratégie pour libérer leur patrie et implanter un royaume musulman. Ils devaient à la fin de leurs études, mailler le territoire foutanké pour dispenser leurs sciences religieuses et apprendre ainsi, petit à petit, au peuple foutanké à prendre sa destinée en main.

Après avoir quitté l’université de Pire, Abdel Kader s’implante dans le Boundou, au village de Diamwélé où il met sur pied son premier daara. Le chef religieux fait plus qu’apprendre à ses disciples le Coran et les préceptes de l’Islam. Il commence sa propagande contre le règne des Déniyankés et fait le tour des villages pour inciter ses concitoyens à refuser l’oppression. De leur côté, les 11 autres érudits font la même chose. De la propagande auprès des populations Foutankés. Par la suite, la bande des douze se donnent rendez-vous à Oréfondé pour une grande assemblée générale à l’issue de laquelle une constitution est mise sur pied. Dans la charte suprême, il était envisagé que le roi qui serait élu devrait être un bon musulman, un homme cultivé et honnête.

Il devait aussi être un grand guerrier. Après son élection, s’il faisait régner l’injustice, le peuple Foutanké avait l’obligation de le destituer, le tuer s’il le faut. Enfin, il a été décidé que le pouvoir n’allait pas se transmettre de père en fils. Que c’est le peuple du Fouta Toro souverain d’élire le roi son almamy, titre donné au roi dans la constitution. Une bataille contre les forces impérialistes maures est aussitôt envisagée. Souleymane Baal, le chef des 12 dignitaires torodos, y sera tué. Cela n’empêche pas le Fouta d’obtenir son indépendance. Ainsi débute le règne des Almamy.

Mais les choses ne sont pas aussi simples qu’elles le paraissent. La démocratie étant un nouvel exercice pour le peuple foutanké. Il fallait donc élire un Almamy de la façon la plus démocratique. Tout le Fouta Toro devait se prononcer pour désigner son souverain. Pour réussir le coup, une commission électorale parcourt le Fouta à la recherche d’un homme qui remplit toutes les conditions posées dans la Constitution. Le candidat est vite trouvé en la personne de Abdel Kader Kane. Les membres de la commission désignent le chef religieux comme le roi du Fouta Toro.

Surpris par cette décision, l’érudit refuse de s’asseoir sur le trône. Abdel Kader estime que d’autres fils du Fouta sont autant dignes que lui d’occuper cette place suprême. Mais la commission est bien déterminée à faire respecter sa volonté. Comble de l’ironie, le futur Almamy est jugé et condamné par le tribunal de l’époque à accepter son rôle de dirigeant, s’il ne veut pas être tué. Dos au mur, Abdel Kader Kâne finit par accepter… sous quelques conditions. D’abord, il impose l’application de la Charia.

Le nouvel Almamy prescrit l’égalité des Foutankés devant la Constitution. Une autre charte impose à tout le monde, sauf les femmes, les enfants et les vieillards, à prendre part aux guerres saintes. Les quatre frontières du Fouta doivent aussi être gardées en permanence. En 1776, Abdel Kader Kâne est officiellement intronisé Almamy du Fouta Toro. Il s’installe à Thilogne qui devient la capitale. Ca le restera 20 ans, avant d’être déplacé à Kobilo, la terre des aïeuls du souverain.

Mort par traîtrise
La politique de l’Almamy est principalement axée sur le religieux. Des écoles coraniques sont érigées, des mosquées édifiées. «Trente-trois au total». Un Caadi (juge) et son adjoint sont élus dans chaque village. Et un chef est installé à la tête de chaque bourgade. Dernière décision, le nouvel almamy a érigé une loi pour exiger que l’aumône des habitants du Fouta demeure au Fouta. Le nouveau maitre du Fouta prend ainsi ces décisions pour implanter et pérenniser la démocratie et l’état de droit dans son royaume. Seulement, il existe d’autres problèmes qui viennent d’ailleurs. Surtout avec la traite négrière. Il écrit au gouverneur de Saint-Louis de l’époque pour lui notifier son refus d’asservir les fils du Fouta. Aussi, les bateaux qui traversaient le fleuve devaient-ils payer des impôts. Plein d’initiatives qui ne sont pas du goût de certains dignitaires torodos qui gagnent dans le trafic d’esclaves.

Ce qui fait que ses plus proches collaborateurs deviennent ses ennemis jurés, alors qu’il ne se doute de rien du tout. Almamy Abdel Kader, conquérant devant l’Eternel, multiplie les conquêtes et participe à plusieurs batailles dont celle de Boungowi. Ce sera sa dernière. Il sera capturé et emprisonné par le Damel du Cayor, Amary Ngoné Ndella Fall. Il est fait prisonnier durant 6 longs mois. Dans le Fouta, ses adjoints ont pris les rênes du pouvoir. En captivité, Abdel Kader revoit la mère du roi du Cayor qu’il avait connue à Pire. «La reine mère du Cayor raconte à son fils comment Abdel Kader, par des bénédictions, lui a permis de l’enfanter». Un plaidoyer qui ne laisse aucun choix au Damel du Cayor qui libère le roi du Fouta. Mieux, il le reconduit sur son trône avec plusieurs centaines d’hommes. Abdel Kader ne se doute pas qu’à son absence, les choses se sont détériorées et que certains de ses plus proches ministres nourrissent des projets pour le destituer. Ils s’étaient même ligués au roi ennemi du Boundou.

En pérégrination dans les zones reculées du pays, Almamy laisse le champ libre aux conjurés. Six familles torodos planifient son assassinat. Ils le surprennent au village de Gouriki Samba Dior, le 4 avril 1807. Sachant qu’il ne peut pas s’échapper, il se rend et leur révèle qu’il ne peut être tué avec du fer. Que ce soit une épée, une arme à feu ou un couteau. Abdel Kader demande également à satisfaire une dernière volonté, celle de prier deux raakas avant de mourir. Ses ennemis le laissent faire, avant de lui percer le cou, de gauche à droit, avec un morceau de bois pointu. La mort du premier Almamy est le début d’une malédiction qui poursuit à jamais les six familles torodos.

«Les descendants de ces familles traitresses sont condamnés à ne jamais voir la tombe d’Abdel Kader Kane, au risque de tomber raide mort», révèle le descendant. Après l’assassinat du premier Almamy, le Fouta se disloque et se retrouve avec plusieurs rois. Tomber de rideau !

Source : Page Facebook Almamy Abdoul Kadr Kane

Partagez sur :
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
Blogueur, Activiste, Rédacteur Web et Entrepreneur, Yéro GUISSE est un jeune Sénégalais passionné des nouvelles technologies et des nouveaux médias. . J'essaie à travers ce blog d'apporter mes idées et mes contributions sur la marche de mon pays. Je suis pour un Sénégal des valeurs.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back To Top