Hapsatou Olel Tall, une professionnelle des médias au service du Pulaagu (Portrait)

Si vous piaffez d’impatience de lever toute énigme sur Olel Tall, lisez le dernier roman de son chevet : « Les Veilleurs de Sangomar » de sa compatriote, l’excellente Fatou Diom, et découvrez par ricochet, dans une intimité, la fille du Fouta Toro, un village (Decollé), non loin de Saint Louis.

Ce roman de fiction religieuse est un hommage aux 1 863 victimes de la tragédie du Joola, ce bateau, un ferry, en route vers la Casamance, qui a coulé au large des côtes gambiennes le 26 septembre 2002, avec l’héroïne du roman, Coumba à travers duquelle se racontent la dure situation des femmes au Sénégal, la place étouffante de la religion durant la période de deuil, les commérages des voisins et le poids des traditions.

Olel Tall est en fait une férue des livres et sa densité est égale au nombre d’ouvrages qu’elle a lus, entretenus et fait promouvoir quand elle était Chargée de Communication de la Direction du Livre et de la Lecture au Sénégal. Pour une jeune dame de 33 ans, qui a offert egalent ses services à la multinationale Orange Sénégal, dans un rôle de Conseillère Client, ce sont des expériences professionnelles cumulées et pertinentes qui profitent à une journaliste, sortie de l’ISSIC (Institut Supérieur des Sciences de l’Information et de la Communication) pour débarquer dans une rédaction de RFI, où elle joue plusieurs casquettes : en somme, une Balkissa Nourhan miniature en Fulfulde (voir plus en bas son portrait).

Olel Tall capitalise ainsi ses atouts, au niveau de la rédaction du Fulfulde, par son énergie disciplinée et sa précision méthodique sur le plan professionnel, l’ordre et le sens pratique qu’elle a hérités des petits soins portés sur les œuvres littéraires ! Sans compter qu’alphabetisée, elle peut lire d’un trait un volumineux livre écrit en Pulaar.Nous en avons, pour étayer ce constat, que la résidente de Ouakam, là où se trouve le gigantesque Monument de la Renaissance Africaine, faisant face, outre Atlantique, au Monument de la Liberté Américaine, le titre de l’ouvrage qui lui a marqué durant toute sa vie : « Ndikkiri joom moolo » ou l’aîné à la guitare de Yero Dooro Jallo, un livre confie-t-elle, « rempli de leçons de morale et de sagesse et surtout, c’est notre culture qui y est représentée ».

Des radios TETIANA FM où Olel Tall a commencé à ses débuts du journalisme et de la production d’émissions, à la RTS où elle a subi un stage de perfectionnement, jusqu’à celle de LAGBAR FM où son rôle fut de la diriger, la petite lycéenne (Série Lettres) du Lycée de Ndioum avait mis un point d’honneur pour faire carrière dans la profession de la communication, à cause d’une soif inextinguible d’apprendre : «J’ai acquis une nouvelle expérience au sein de RFI ; chaque jour est un nouveau jour différent du précédent.J’ai eu la chance de gérer le site internet de RFI Fufulde et j’ai encore beaucoup appris, surtout au niveau de l’écriture. Voire ces différentes nationalités commenter nos articles, avec chacun de ces internautes le faire dans sa variante linguistique Pulaar, est magnifique. Et ce beau mélange culturel au sein de notre rédaction est très enrichissant ».

Tout de même, Olel Tall le doit aussi au sens rationnel et au sens du détail qu’elle possède, avec en plus un brin tatillon dans tout ce qu’elle fait. Même si, il lui arrive de buter souvent aux obstacles de sa profession : « En tant que recherchiste dans la rédaction, trouver des invités qui parlent nos langues et qui acceptent de s’exprimer, surtout les femmes, sont de vrais goulots d’étranglement pour nous. C’est souvent compliqué ». Et d’en appeler à ses compatriotes du même bord, en dépit des idées négatives : « En tant que référente genre à RFI Fulfulde, les femmes devraient mieux se représenter et jouer leur rôle pleinement dans la liberté d’expression. Souvent, la pression sociale fait qu’elles se taisent sur beaucoup de choses et pourtant, elles ont plus que leurs mots à dire et en mieux d’ailleurs. Il faut donc qu’elles osent ».

C’est pourquoi, de sa citation qu’elle préfère de tout, et qu’elle décline en Pulaar « neɗɗo ko banndum », (l’homme est le remède de l’homme), Olel Tall, avec parcimonie, estime ne pas s’identifier à une idole dans le monde des médias mais plutôt à sa mère, dans tous les domaines, une femme au foyer qui n’a jamais été à l’école de surcroît, puisque selon elle, de plus en plus on perd notre humanité.Langue Pulaar éminemment assonante et poétique et dont le parler est quand même convivial avec une multiplicité de lectes, Olel Tall sait plus que quiconque que durant cette aventure linguistique fulfulde, la complexité de l’élocution peut leurs arriver un tour et il faut l’alchimie de toute la rédaction pour offrir aux auditeurs des locutions dépourvues de vulgarité : « Je suis allée voir, un jour, mon rédacteur en chef pour qu’il corrige mon papier…il fallait trouver comment dire « ministre des affaires étrangères » en Pulaar.

Le plus difficile c’est de trouver un équivalent en fulfulde que tous les peuhls puissent comprendre. Il me proposa de mettre « jaagorɗo kalfinaaɗo huuwandiral ». J’ai éclaté de rire devant tout le monde, parce que chez moi « huuwandiral » a vraiment un sens péjoratif sur une onde, qui n’a rien à voir avec affaires étrangères (NDLR : faire caca en français..).

Moustaph Maiga / lecactus.ml 

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